Communication aéronautique : savez-vous causer dans le poste ?
L'alphabet phonétique : Charlie, Juliet et leurs copains
On l’appelle « alphabet phonétique » mais il serait plus correct de l’appeler « alphabet orthographique ». Il permet d’épeler un mot, un sigle ou un code de la façon la plus claire possible, même quand la liaison n’est pas très bonne. Et il se compose de mots dont les initiales correspondent chacune à une lettre de l’alphabet.
Si vous êtes accro aux films d’aviation, vous en reconnaîtrez forcément quelques-uns dans la liste que tout pilote doit connaître aussi parfaitement que son alphabet scolaire :
Alpha, Bravo, Charlie, Delta, Echo, Foxtrot, Golf, Hotel, India, Juliet, Kilo, Lima, Mike, November, Oscar, Papa, Quebec, Romeo, Sierra, Tango, Uniform, Victor, Whiskey, X-Ray, Yankee, Zulu.
Associé surtout à l’aviation jusque dans la chanson populaire, cette façon codée d’énoncer une série de lettres a pourtant été utilisée depuis ses débuts dans toutes sortes de communications à distance où elle est nécessaire pour éviter des confusions : communications militaires ou civiles, terrestres, marines ou aéronautiques. Les premiers alphabets orthographiques ont été conçus dès avant la première Guerre mondiale, pour améliorer la communication sur les circuits téléphoniques longue distance dont les lignes étaient particulièrement crachotantes.
Durant plusieurs décennies, différents systèmes ont été utilisés en parallèle ou en concurrence, jusqu’à ce que l’OTAN unifie la codification entre les forces interalliées, après avoir consulté un laboratoire de psychoacoustique de l'Université de Harvard pour déterminer les meilleurs mots à utiliser. Le but était de se faire comprendre via les « interphones militaires, dans le bruit intense rencontré dans la guerre moderne », et de trouver les mots prononçables et compréhensibles par des anglophones, francophones et hispanophones.
L’alphabet définitif est établi en mars 1956.
Jeune pilote, si la mémorisation de cet alphabet vous pose problème, nous vous recommandons de vous équiper d’une planche de vol CB-8 – POOLEYS ou CB-5 – POOLEYS, qui contiennent un feuillet reprenant l’alphabet phonétique : une bonne façon de l’avoir toujours à portée de micro pour combler les trous de mémoire. D’autres informations tout aussi utiles y figurent aussi : code Morse, codes de transpondeur, etc.
Fréquences de communication : dans quelle bande êtes-vous ?
La fréquence radio est une sorte de route hertzienne sur laquelle vous allez pouvoir communiquer avec les autres utilisateurs présents sur la même route, laissant la voie libre sur les routes que vous avez choisi de ne pas fréquenter. Les voies de communication réservées à la navigation aéronautique se situent dans une même « région » ou gamme de la bande passante : celle des très hautes fréquences – ou very high frequency (VHF) en anglais – situées entre 108 Mhz à 137 Mhz.
Elles sont utilisées pour les radiocommunications aéronautiques en courtes et moyennes distances, notamment pour les échanges vocaux entre les pilotes et les services au sol. Chaque fréquence de cette gamme correspond à des situations précises. Il convient donc de les connaître pour choisir la fréquence appropriée.
Cas le plus fréquent : pour communiquer avec la tour de contrôle d’un aérodrome ou d’un aéroport, comme vous devrez le faire à chaque fois que vous entrerez dans l’espace aérien de celui-ci, vous devrez passer sur la fréquence qui lui a été attribuée. Celle-ci est indiquée sur les cartes aéronautiques, comme nous le détaillons dans cet article sur la lecture des cartes de navigation aérienne.
Pour les petits aérodromes qui ne disposent pas de leur propre fréquence, il est d’usage d’utiliser la fréquence « club », soit 123,500 Mhz.
Autre fréquence à retenir : 123,450 Mhz, que vous utiliserez pour la communication entre aéronefs.
Et encore plus importante : 121,500 Mhz est la fréquence de détresse internationale, que vous utiliserez pour signaler une situation d’urgence ou de détresse, et pour obtenir des instructions dans cette situation.
Ce sont les différents usages que vous aurez de votre radio de bord, dont vous trouverez les caractéristiques dans notre article sur les radios fixes et radios portables utilisables dans votre aéronef. Radios à choisir, de préférence, dans la gamme ICOM que nous vous proposons avec leurs accessoires, pour toutes les utilisations d’une radio portable. Car il va de soi que pour bien communiquer, il faut parler le même langage, mais aussi disposer des bons équipement qui vous relient à vos interlocuteurs distants.
Le saviez vous ?
Votre radio peut aider le contrôle aérien à vous guider !
Imaginez que vous êtes égaré (ce qui a de moins en moins de chance d’arriver avec la démocratisation de l’utilisation du GPS) ET que vous n’êtes pas détecté par les radars primaires des services du contrôle aérien…
Sachez que le contrôle peut vous imaginer votre position et vous donner un cap à suivre en interprétant le signal que vous émettez lorsque vous communiquer avec votre radio.
Cela marche dans certaines conditions bien particulières mais cela en a dépanné plus d’uns !
L'autorisation IFR : quand les instruments vous guident
Avec un petit avion privé et par beau temps, vous naviguez à vue. C’est simple. Mais si votre avion est équipé des instruments nécessaires comme un horizon artificiel, un GPS avec des données à jour, etc., vous pouvez choisir de voler aux instruments.
C’est pratique notamment pour pouvoir naviguer dans des conditions météo moins favorables. Le vol IFR peut être plus sécurisant mais il est aussi contraignant car il n’est pas adapté au vol « touristique ». Il est donc indiqué pour un vol d’un point A à un point B.
Cela nécessite que vous ayez passé une certification spécifique – que vous pourrez préparer grâce aux ouvrages sur « La Radionavigation et l'IFR » (disponibles dans notre boutique en deux tomes : Les Bases et L'IFR, le GPS). Ensuite, chaque vol aux instruments demandera aussi une préparation et une documentation plus importantes. Ainsi qu’une autorisation connue aussi sous le nom de clairance.
L’autorisation IFR (Instrument Flight Rules) est une permission délivrée par les contrôleurs aériens à un pilote ou à un équipage pour effectuer un vol en utilisant les règles de vol aux instruments. Cette autorisation est nécessaire lorsque les conditions météorologiques ou la visibilité sont telles que le vol n'est pas possible ou peu sûr en utilisant uniquement les règles de vol à vue (VFR ou Visual Flight Rules).
Pour obtenir une autorisation IFR, le pilote doit généralement suivre une procédure spécifique, en plusieurs étapes.
La première consiste à déposer son plan de vol auprès de l'autorité de l'aviation compétente ou de l'organisme de contrôle aérien approprié. Ce plan de vol comprend des informations sur l'aéronef, l'itinéraire prévu, l'heure de départ, les équipements à bord, etc. On aura bien sûr commencé par établir son itinéraire grâce notamment aux cartes aéronautiques spécifiques aux « routes » IFR.
Une fois le plan de vol IFR déposé, les autorités de l'aviation ou les contrôleurs aériens examineront le plan et, s'il est approuvé, délivreront une autorisation IFR au pilote. Cette autorisation précise généralement l'heure de départ, l'itinéraire, les altitudes à respecter, les fréquences radio à utiliser et d'autres détails importants pour le vol. Les autorisations/clairances peuvent évoluées sur demande de l’équipage ou du contrôle.
Pendant le vol, le pilote doit suivre strictement les instructions de l'autorisation IFR et communiquer avec les contrôleurs aériens aux points de passage spécifiés. Les contrôleurs aériens fourniront des informations de trafic et des instructions pour maintenir la sécurité et la séparation entre les aéronefs.
Vous entrez en contact radio avec eux autant que nécessaire, casque aérien bien ancré sur votre tête pour assurer une bonne communication. Profitons-en pour rappeler aux débutants que le choix du casque aéronautique n’est pas anodin pour assurer confort et sécurité dans la communication.
L'autorisation IFR est essentielle pour les vols commerciaux, les vols internationaux et tout vol dans des conditions météo où le vol VFR ne garantit pas la sécurité. Elle permet de s'assurer que les vols en conditions météo difficiles ou dans des espaces aériens contrôlés se déroulent de manière organisée et sécuritaire.
Codes météorologiques : quel temps fait-il ?
Vous avez dit conditions météo ? Il nous reste ce chapitre à décoder dans la checklist des langages à connaître pour le secteur aérien. Les codes météorologiques sont utilisés pour transmettre des informations essentielles aux pilotes, aux contrôleurs aériens et aux opérations aériennes. Voici quelques-uns de ces codes les plus couramment utilisés en aéronautique :
- Le METAR fournit des informations météo actuelles pour un aéroport spécifique, c'est-à-dire décrivant la situation au moment où il est émis. Il comprend des détails sur la visibilité, la température, la pression atmosphérique, les vents, les nuages et d'autres conditions météorologiques pertinentes à l'heure de l'observation. Il est souvent renouvelé toutes les 30 minutes et peut être généré automatique (sans intervention d’un météorologue).
- Le TAF, ou Terminal Aerodrome Forecast (Prévision pour aérodrome), fournit des prévisions météorologiques, également pour un aéroport spécifique, sur une période de 6 à 30 heures. Il inclut des informations sur les changements prévus en termes de visibilité, de vent, de nuages et autres éléments liés à la météo.
- Le SIGMET, ou Significant Meteorological Information (Information météorologique significative), est un avis émis pour avertir les pilotes des conditions dangereuses ou inhabituelles telles que les orages violents, les turbulences sévères, les cendres volcaniques, etc.
- L'AIRMET, ou Airmen's Meteorological Information (Information météorologique pour les aviateurs), fournit des informations sur des conditions moins graves mais potentiellement gênantes, telles que la turbulence modérée, les nuages bas, la brume, etc.
- Le PIREP, ou Pilot Weather Report (Rapport météorologique du pilote), est un rapport météorologique fourni par les pilotes en vol pour signaler des conditions réelles telles que la turbulence, la formation de glace, les nuages étranges, etc.
Ces codes et rapports météo sont essentiels pour que les contrôleurs aériens fournissent des informations pertinentes aux aéronefs en vol et pour que les pilotes prennent des décisions en toute sécurité. Ils sont codifiés de manière à être concis et précis, permettant ainsi une communication efficace et rapide des informations cruciales.
Bien sûr, ces informations données par radio n’exonèrent pas le pilote d’avoir bien préparé son vol, y compris en matière de météo. Sa connaissance du sujet est capitale et fait partie intégrante de sa formation. De nombreux ouvrages peuvent vous être utiles dans cet apprentissage, parmi lesquels « Comment faire son dossier météo », « Les supports météo du voyage aérien en France et en Europe » ou encore les cours de Météorologie de l’Institut Mermoz. Ces connaissances vous seront précieuses pour chacun de vos vols.
Vous avez maintenant une vision assez large des langages que vous devrez maîtriser, et il faut avoir conscience que les questions de communication sont aussi importantes dans l’espace aérien que les techniques de vol. Elles vous relient à tous ceux qui peuvent vous guider, vous apporter des informations et garantir votre sécurité. Il ne vous reste plus qu’à potasser tous ces sigles, signes et autres codes propres au jargon de l’aéronautique.
Roger ?