Comment lire une carte de navigation aérienne ?
Avec le printemps revient la saison des nouvelles cartes aériennes actualisées. Les pilotes vont pouvoir les trouver dès maintenant sur notre boutique en ligne.
Si vous n’êtes pas encore pilote, si vous rêvez de le devenir ou si vous vous préparez à vous former en vue de passer votre brevet, c’est l’occasion de vous familiariser avec cet outil indispensable.
Vous vous demandez comment lire une carte aéronautique ? Pour faire vos premiers pas, voici l’essentiel en 10 points clefs.
1. Le fond de carte
Il ressemble à une carte routière ou une carte topographique. Mais il met particulièrement en valeur les éléments élevés du paysage : obstacles naturels, éoliennes, lignes électriques et pylônes, etc.
Légende : Sur cet extrait de carte, vous repérez un certain nombre d’obstacles au sud de Poitiers, matérialisés par les petites pyramides bleues accompagnées de leur hauteur au-dessus du sol.
2. Les zones de navigation d’une carte aéronautique
L’espace aérien est divisé en zones de plusieurs types. Le premier à connaître est celui des services d’information, d’alerte et de contrôle. De ce point de vue, la France métropolitaine est divisée en cinq grandes zones dénommées FIR pour « région d'information de vol » (ou en anglais Flight Information Region) : les FIR de Bordeaux, Brest, Marseille, Paris et Reims.
Chacune de ces zones est subdivisée en SIV ou secteurs d’information de vol, rattachés à un aéroport qui assure le service.
Légende : Sur cet exemple, les cartouches noirs distinguent des portions d’espace aérien rattachées aux SIV de Lyon et de Clermont, la limite entre les deux secteurs étant figurée par les pointillés noirs.
Viennent s’ajouter dans le même espace aérien des zones différenciées en fonction des règlementations qui s’y appliquent. On les repère facilement sur les cartes : elles sont délimitées par les gros traits bleus ou rouges.
Contrairement aux voix du trafic routier qui sont définies en deux dimensions sur une carte routière, les zones aériennes sont des volumes, donc délimitées sur trois dimensions. Les deux dimensions horizontales de la zone sont figurées par ces gros traits rouges ou bleus.
Quant aux limites verticales de la zone en question, elles figurent, avec d’autres informations, dans les indications mentionnées dans la même couleur que les traits de délimitation : soit le long de ces traits, soit rassemblées dans un cartouche. Il nous reste à zoomer pour décrypter ces indications.
3. Les caractéristiques d’une zone
Chaque zone d’une carte aérienne est caractérisée par sa classe, son type, son plafond et son plancher.
Ces indications sont présentes sur toutes les cartes aéronautiques, mais la façon de les présenter diffère d’une carte à l’autre. Il convient donc de se reporter à la légende pour bien déchiffrer ce qui est porté sur la carte.
Nous utilisons pour nos exemples des cartes du Service d’information aéronautique ou SIA, mais on trouvera aussi en vente sur notre e-boutique celles de l’IGN, les cartes Air Million ou CartaBossy. La présentation diffère légèrement mais les informations sont évidemment les mêmes.
Détaillons-les…
4. La classe
Elle est indiquée par une lettre unique, bien visible dans la zone, ou sur le côté gauche du cartouche. La classe détermine les règles à respecter dans cette zone, comme par exemple l’obligation de contact radio ou qui peut fréquenter la zone, avec notamment une distinction entre vol à vue (VFR) et vol aux instruments de navigation (IFR).
Les différentes classes sont désignées par les lettres A, B, C, D, E pour les zones contrôlées ; G pour les zones non règlementées.
Légende : Sur l’exemple ci-dessus, vous pouvez voir que les deux zones caractérisées dans les cartouches bleus sont des zones D.
5. Le type d’espace aérien
Le type d’espace aérien indique à quoi sert la zone et il est désigné par trois lettres, suivies du nom de la zone concernée. On distingue trois types de zones où vous allez pouvoir faire voler votre avion… à condition bien sûr de respecter les règles associées à la classe de la zone :
- CTR (abréviation de Control Traffic Region) : c’est la zone du trafic de l’aéroport, juste au-dessus et aux abords de celui-ci. C’est dans ce volume que les avions effectuent leur décollage et leur atterrissage. Logiquement, le volume d’une zone CTR descend jusqu’au sol.
- TMA (pour Transponder Mandatory Area) : c’est le volume qui se situe au-dessus et en périphérie de la zone CTR ; il constitue la zone d’approche de l’aéroport.
Légende : Ici, nous avons une première zone, la plus petite, figurant la CTR de l’aéroport de Clermont-Ferrand, puis une zone plus vaste qui l’enserre, la TMA1. Leurs caractéristiques figurent le long des traits de délimitation. On devine la deuxième zone d’approche, plus large.
6. Des zones particulières de l’espace aérien
Il existe des zones (en rouge sur les cartes) qui échappent aux classifications ci-dessus : ce sont les zones interdites ou accessibles sous conditions. Elles correspondent à des installations militaires, centrales nucléaires, ou zones dangereuses, etc. Ces zones sont désignées par les lettres P, ZIT, R, D ou ZRT.
À repérer également : les zones RTBA, qui correspondent aux couloirs de vols militaires à très basse altitude et figurent également en rouge sur les cartes.
Légende : Vous repérez ici une zone interdite (pourtour rouge quadrillé) au-dessus d’une centrale nucléaire, et une zone dangereuse (pourtour rouge hachuré), la R3204 entre Saint-Etienne et Vienne.
7. Les limites verticales des zones
Les indications de chaque zone informent aussi sur les limites de celle-ci quant à la troisième dimension, que la carte ne peut pas matérialiser : la dimension verticale. Selon les cartes, ces deux chiffres sont sur la même ligne, ou bien superposés et séparés par un trait horizontal. Ils indiquent le plancher de la zone et son plafond. La zone réglementée se situe donc entre ces deux altitudes ou hauteurs.
S’il n’y a qu’un chiffre, c’est que le volume s’étend jusqu’au sol : c’est le cas spécifiquement des zones de type CTR.
8. De quel genre de hauteur parle-t-on ?
Pour ces indications de plancher et de plafond, parle-t-on d’altitude, de hauteur, de niveau de vol ? Et en quelle unité de mesure ? Tout dépend ! Il faut donc savoir déchiffrer les codes pour lire une carte correctement.
Première chose à savoir : les cartes aéronautiques donnent des mesures en pieds (abrégées en ft pour l’anglais feet), sachant qu’1 pied équivaut à 0,3 mètre.
Sur une même carte, la mesure verticale peut être établie de trois façons différentes :
Elle peut indiquer l’altitude, c’est-à-dire la hauteur à partir du niveau de la mer : c’est le cas s’il n’y a rien de précisé après le chiffre, ou s’il est précisé AMSL ou ASL ;
Elle peut indiquer la hauteur, qui est mesurée à partir de la surface du sol. Dans ce cas, il est toujours précisé ASFC ou AGL.
Enfin, elle peut prendre en compte le niveau de vol, qui est mesuré à partir de la courbe de pression standard de 1013,2 hPA. Dans ce cas, le chiffre est précédé des lettres FL.
Légende : La zone TMA3 de Clermont est située entre un plancher à 1000 pieds au-dessus du sol et un plafond à un niveau de vol de 115 pieds.
Légende : Dans cet autre exemple, nous avons deux zones superposées pour la TMA 2.2 de Clermont. La plus basse, avec un plancher à 2700 ft au-dessus du niveau de la mer (ou 1000 ft au-dessus du sol) et un plafond à 5500 ft, est de classe E ; la plus haute, de classe D, a logiquement son plancher à la hauteur du plafond de l’autre (5500 ft au-dessus du niveau de la mer) et son plafond à 110 ft de hauteur de vol.
9. La fréquence radio
Le dernier chiffre qui figure sur une zone contrôlée indique la fréquence radio de la tour de contrôle ; il est accompagné d’une * si elle fonctionne selon des horaires et non de façon permanente.
Légende : Sur la CTR de l’aéroport de Bergerac, la fréquence est de 119.8, mais elle est ouverte seulement dans des plages horaires précises.
10. Limite supérieure de la carte
La plupart des cartes aériennes ne mentionnent que les zones fréquentées par les petits avions et donc, ne s’occupent pas des zones auxquelles volent les avions de ligne notamment. Cette limite se situe généralement à 3000 pieds d’altitude, et en zones de montagnes plus élevées, jusqu’au niveau FL 115. Ces limites sont toutefois à vérifier dans la légende de chaque carte.
Si une zone dépasse cette altitude limite, le plafond de la zone peut être simplement désigné par le signe + ; c’est souvent le cas notamment pour les zones militaires.
La lecture attentive de la légende de la carte, et surtout l’apprentissage du pilotage, vous permettront de découvrir bien d’autres détails et la façon d’utiliser les informations de ces cartes aéronautiques. Mais vous avez désormais les bases. Notre e-boutique propose une pochette VFR SIA que vous pourrez utiliser comme un « kit de démarrage » : vous y trouverez les cartes de la moitié nord et de la moitié sud de la France, le manuel « Complément aux cartes aéronautiques » contenant les informations indispensables pour utiliser les cartes, ainsi que la carte du réseau à très basse altitude (RTBA). L’ensemble va vous permettre de progresser dans la compréhension des règles de l’espace aérien… Ou de rêver à vos futures échappées dans l’espace aérien !