Formation : comment devenir pilote d’avion professionnel ?
Le métier de pilote d’avion fait encore rêver. Emmener son appareil au-dessus des nuages, franchir les océans en quelques heures, réussir un atterrissage avec maestria… Si vous faites partie de ces jeunes qui ont constamment la tête en l’air ou si vous êtes parent de l’un d’eux, vous vous posez forcément la question : par quelle formation faut-il passer ? Les diplômes sont-ils accessibles ? En résumé : comment devenir pilote professionnel ?
Contrairement à un mythe, la formation du pilote professionnel n’est pas très difficile… Elle est cependant sélective. Et en dépit des idées reçues, vous pouvez devenir pilote avec une mauvaise vue (mais une bonne correction). À moins que vous n’aspiriez à devenir pilote de chasse, mais ceci est une tout autre aventure… Enfin, précisons qu’aucun niveau de diplôme préalable, ni aucun âge limite n’est exigé, sauf, comme on le verra, si vous visez la formation publique de la prestigieuse ENAC. Cependant, un bon niveau d’anglais est exigé, ainsi qu’une compréhension des maths et de la physique.
En théorie, c’est simple : pour devenir pilote d’avion, vous devrez franchir les étapes des différentes qualifications requises. Détaillons-les.
Quel cursus de formation pour devenir aviateur ?
D’abord pilote d'avion amateur
Signalons qu’avant d’intégrer une formation professionnalisante, les premiers brevets accessibles constitueront une bonne approche. Le BIA ou brevet d’initiation à l’aéronautique, à défaut de leur donner accès aux commandes d’un appareil, apporte aux jeunes (à partir de la quatrième) une base de connaissances qui leur facilitera ensuite l’apprentissage. Cet examen, sous forme de QCM, peut se préparer dans le cadre scolaire. Mais on peut aussi s’y préparer individuellement, grâce à des manuels comme ceux que vous trouverez dans notre Pack BIA.
Le niveau suivant vous permettra de voler en amateur. Le PPL – pour Private Pilot Licence ou licence de pilote privé – autorise à piloter, pour son propre compte uniquement, des petits avions monomoteurs jusqu’à quatre places. L’apprentissage théorique et pratique s’accompagne d’une expérience minimum de 45 heures de vol. Manuel, leçons de pilotage, livret de progression, fiches récap’ : dans notre librairie aéronautique en ligne, vous trouverez notamment la Mallette duo PPL réunissant l’ensemble des supports qui vous seront nécessaires.
Les brevets professionnels de pilotage
Les étapes suivantes sont réservées à ceux qui souhaitent devenir professionnels.
La première phase a deux objectifs : une formation théorique et un « mûrissement » de votre expérience de pilote, qui doit vous faire atteindre 170 heures de vol.
La formation théorique est constituée de 14 matières, qui vont de la connaissance de l’avion à celle de la météo, de la préparation et du suivi de vol à la radionavigation, du droit aérien à la notion de performance humaine, etc. La collection de ces différents cours, proposée par l’Institut Mermoz, est disponible dans la librairie en ligne Bayo. Ils vous préparent à l’obtention de la licence théorique ATPL, pour Airline Transport Pilot Licence.
Une fois franchis le mûrissement et l’ATPL, trois licences avion sont encore à acquérir :
- Le CPL (Commercial Pilot Licence), pour lequel on pourra s’appuyer sur notre Pack ouvrages ATPL/CPL avion. Il vous autorise à être rémunéré en tant que pilote
- L’IR (Instrumental Rating) vous donne le droit de piloter aux instruments de vol et donc, d’emmener votre avion dans les nuages
- Le ME (Multi Engine) vous fait accéder à la possibilité de voler sur des avions à plusieurs moteurs.
Vous devrez également totaliser une expérience de vol de 200 heures.
Enfin, une dernière formation courte, la MCC (Multi Crew Coordination) vous permettra de voler en équipage. Elle peut se préparer sur simulateur de vol. Elle comprend une partie formation théorique et une partie pratique, qu’on passe en une quinzaine de jours et sans examen final.
Formation de vol : public ou privé ?
Maintenant que vous connaissez les étapes à franchir, reste à se poser la question de savoir où et comment. Il existe deux voies de formation du pilote d’avion professionnel : l’une publique, l’autre privée. Avec de notables différences entre les deux.
ENAC : la voie royale
L’École nationale de l’Aviation civile ou ENAC, située à Toulouse, est la seule formation de pilote publique.
On y entre sur concours : l’EPL/S ou concours d’Elève pilote de ligne / scientifique. Il est ouvert aux jeunes de 16 à 23 ans justifiant d’un niveau bac+1 en sciences, ressortissant d’un pays européen.
Ce concours d’entrée s’avère très relevé, car le taux de réussite est d’environ 1 % (on peut le passer trois fois).
Pour ceux qui ont la chance d’être admis, la formation dure deux ans, au cours desquels vous passerez toutes les qualifications décrites ci-dessus, en commençant par une année de théorie. À la sortie, on est donc prêt à être pilote de ligne ou à piloter en professionnel civil tout type d’avion.
Deux avantages majeurs peuvent vous pousser à tenter votre chance : les études sont gratuites et le prestige de la formation vous facilitera l’accès à l’emploi.
Formation privée : payant mais plus accessible
La voie privée a l’avantage de ne pas être sélective. Elle vous accueille sans diplôme particulier et à tout âge, dans de multiples écoles de pilotage, après passage de tests en anglais, physique et mathématiques. Principale difficulté d’accès : la formation sera payante.
On peut suivre ces enseignements de deux façons : par voie modulaire ou par voie intégrée.
La voie intégrée est comparable à la formation de l’ENAC : vous y suivrez l’apprentissage complet et vous passerez toutes les qualifications, en 18 à 24 mois.
Par la voie modulaire, il s’agit d’obtenir les différentes licences par modules, à votre rythme, selon votre disponibilité, vos ressources financières, votre motivation...
Les passerelles
Une dernière possibilité : le parcours mixte. Si vous avez échoué au concours d’entrée à l’ENAC et décidé de commencer votre apprentissage par la voie privée, vous avez la possibilité d’intégrer l’école publique en vous présentant aux concours intermédiaires.
Le premier est l’EPL/U (universitaire) : il est ouvert aux jeunes de 17 à 28 ans titulaires d'un diplôme scientifique bac+2 et de l'ATPL théorique.
Le second est l’EPL/P (pratique), ouvert aux candidats de 18 à 30 ans, titulaires du baccalauréat, de la CPL et de l'ATPL théorique.
Ces deux concours vous permettent de terminer votre cursus à l’ENAC et d’y acquérir l’expérience de vol nécessaire.
Quel budget pour devenir pilote professionnel ?
Pour ceux qui ont la chance d’intégrer l’ENAC, rappelons que la formation est gratuite. Seuls quelques frais annexes seront à votre charge.
Il n’en va pas de même pour la voie privée. Chaque étape de formation a un coût, variable selon l’école, selon le nombre d’heures de vol nécessaire, selon si les parties théoriques se font en ligne ou en présentiel… Nous vous indiquons donc des fourchettes de prix indicatives pour chaque qualification :
- PPL : selon l'endroit, entre 5 000 et 10 000 euros
- Mûrissement : entre 5 000 et 10 000 euros
- ATPL : 2 500 à 3 000 euros pour un cours à distance et 10 000 euros pour un cours sur site
- CPL, IR et ME : de 10 000 à 17 000 euros
- MCC : de 5 000 à 10 000 euros.
Au total, une formation au vol peut vous coûter de 40 000 à 70 000 euros, le choix d’une formation modulaire permettant d’étaler les paiements.
Point de vigilance : attention à vérifier ce qui est inclus dans le coût d’une formation, et notamment le passage des examens dont la partie pratique a aussi un coût.
Comment financer sa formation de pilote ?
Ces chiffres vous paraissent exorbitants et douchent vos espoirs de réaliser votre rêve ? Il vous reste tout de même des possibilités d’y accéder. Car des aides et financements existent.
Vous pouvez notamment postuler à différentes bourses adaptées à votre cas :
- La bourse Tomato, de l’association du même nom, finance chaque année les études de quatre à cinq élèves pilotes et ingénieurs aéronautiques, à condition, pour les pilotes, d’être déjà titulaire du PPL et de l’ATPL, d’avoir 100 heures de vol et d’être âgé de 20 à 26 ans ; elle permet aussi d’intégrer le réseau très utile des anciens bénéficiaires de cette bourse.
- La bourse de la vocation de la fondation Bleustein-Blanchet : elle s’adresse à des jeunes de 18 à 30 ans, ayant un projet d’études déjà entamé, lié à une vocation – quel que soit le domaine – et ayant des difficultés financières à le poursuivre ; une vingtaine de bourses sont attribuées chaque année.
- La bourse Déclics Jeunes, de la Fondation de France, est attribuée à des jeunes du même âge présentant un projet professionnel original… donc pourquoi pas celui de devenir pilote d’avion ?
Obtenir une de ces bourses constituera une base intéressante mais ne sera, de toute façon, pas suffisant. Tout n’est pas perdu pour autant : vous pouvez éventuellement solliciter votre famille ou travailler pendant les vacances si vous êtes en âge scolaire.
Une deuxième possibilité est de solliciter un emprunt bancaire. Informez-vous sur les écoles de pilotage qui peuvent avoir des accords avec des banques, de même que l’Association des professionnels navigants de l’aviation (APNA), qui sous certaines conditions, peut vous faire obtenir des taux préférentiels.
Dernière solution : entrer dans la vie professionnelle d’abord, ce qui vous permettra de mettre de l’argent de côté, d’acquérir des droits à la formation professionnelle par le CPF, de faire financer des formations par Pôle Emploi si vous perdez votre emploi… Le cursus modulaire facilite cette possibilité, en permettant de progresser par étapes. Si vous êtes motivé, vous finirez par y parvenir, d’autant que – rappelons-le – par la voie privée, il n’y a pas de limite d’âge pour entamer son cursus.
Sur quels critères choisir sa formation ?
Chaque zone géographique a ses propres licences : EASA en Europe, FAA aux États-Unis, CAA au Canada, et ainsi de suite en Afrique, en Asie… Elles sont de niveau équivalent. Le choix se fait surtout en fonction de vos projets de carrière. Car une fois un diplôme en poche, il vous sera nécessaire de convertir votre licence pour être employé dans une autre zone, ce qui a un coût non négligeable.
Un deuxième critère est la qualité de l’école. Le suivi des élèves, la régularité des cours et de la pratique du vol font souvent la différence, de même que la qualité des instructeurs et celle de la flotte d’avions. Les avis et retours d’anciens élèves peuvent vous aider à y voir plus clair.
Un autre facteur à prendre en compte, auquel on ne pense pas forcément d’emblée : le climat ! Dans une région où il fait le plus souvent beau temps, vous pourrez pratiquer plus souvent et donc, acquérir plus rapidement l’expérience de vol nécessaire.
Et bien sûr, le choix dépendra aussi de vos options personnelles : choisir une école proche de chez soi pour éviter les frais de logement, partir se former ailleurs pour « voir du pays », etc.
Maintenant, à vous de jouer pour réaliser votre rêve de devenir pilote professionnel ! Vous avez toutes les cartes en main. Et à propos de cartes… pourquoi ne pas commencer par vous familiariser avec la lecture des cartes aéronautiques ?