Aéronautique : quel métier est fait pour vous ?
L’industrie aéronautique est un secteur en constante évolution qui connaît à nouveau une forte croissance, après quelques années de turbulences. Ce marché crée des millions d’emplois à travers le monde et continue d’attirer les talents qui souhaitent appartenir à une élite professionnelle.
Le secteur apparaît d’autant plus passionnant qu’il a d’énormes défis à relever, à l’heure de la transition écologique et des objectifs internationaux de décarbonation de l’économie.
Si ces défis appartiennent au secteur industriel et à ses ingénieurs, les métiers de l’aviation proprement dite continuent aussi de susciter de nombreuses vocations. L’imaginaire de l’aventure aéronautique continue de faire rêver. Mais au-delà du rêve, quelles sont concrètement les carrières qu’elle offre et comment y entrer ? Faisons un tour d’horizon de la question.
L’aviation oui, mais quelle aviation ?
Vous vous rêvez plutôt aux commandes d’un avion de chasse ou prenant soin de vos passagers en tant qu’hôtesse de l’air ou steward ? Les mains dans le cambouis des moteurs ou dominant les pistes d’atterrissage du haut d’une tour de contrôle ? Vos héros sortent-ils de « Top Gun » ou de « Sully » ?
En fonction des réponses, vous allez déjà pouvoir vous orienter vers l’une des différentes branches du secteur, que l’on peut diviser en trois domaines : aviation commerciale, aviation générale et aviation militaire.
L’aviation commerciale est la partie la plus visible de l’activité aérienne. Elle comprend l’ensemble des avions que vous prenez pour partir en vacances dans un pays proche ou au bout du monde, ou pour aller négocier des affaires si vous êtes déjà dans la vie professionnelle… sauf bien sûr si vous êtes un riche homme d’affaires. En résumé, l’aviation commerciale englobe les avions de ligne pour passagers et le transport de fret. Cette branche fait travailler notamment les pilotes et copilotes, agents de bord, et contrôleurs aériens.
Si l’on passe du côté de l’aviation générale, on va trouver l’ensemble des activités aériennes civiles autres que le transport commercial. Cela concerne notamment l’aviation sportive ou de loisir, le travail aérien, l’aviation d’affaires… Petits Cessna des pilotes amateurs ou jets privés des grandes fortunes, avions d’affaires des multinationales, clubs d’aviation ou de parachutisme… Ce domaine est très disparate et intéressera des professionnels où l’on retrouve bien sûr des pilotes privés, mais aussi des instructeurs de vol et des mécaniciens d'avions.
Reste la plus mythique : l'aviation militaire. Dans le sillage de la Patrouille de France (pour ce qui concerne notre pays), vous trouverez bien sûr les avions et hélicoptères de combats, équipés d’armes offensives : que ce soit les avions de chasse pour les combats aériens ou les aéronefs équipés pour les attaques au sol. Mais aussi toute la catégorie des avions de soutien. Non armés ou dotés seulement d’armes défensives, ils peuvent avoir des usages très divers : patrouilles de reconnaissance ou de surveillance, transport de troupe ou de matériels, ravitaillement en vol, largage de parachutistes, sans oublier les avions réservés à l’instruction et aux entraînements. Les professionnels de cette branche sont bien entendu des militaires, qu’ils soient pilotes, mécaniciens ou instructeurs.
Quelles compétences pour quels métiers ?
Bien sûr, chacun de ces nombreux métiers requiert des qualifications, formations et certifications, des compétences techniques et comportementales, qui seront différentes selon vos choix d’orientation. Et qui pourront donc, justement, vous aider à faire ces choix. Passons-les en revue.
Le prestige du pilote de ligne
Commençons par le prestigieux métier de pilote de ligne, qui inclut les commandants de bord et les copilotes. Rappelons que le pilote, pour chaque vol, ne commence pas son service au moment d’entrer dans le cockpit, mais doit aussi en amont préparer et programmer soigneusement son vol, car les impératifs de sécurité le placent dans une position de très haute responsabilité. Outre les savoir-faire de navigation, il doit avoir une parfaite connaissance des données techniques, météorologiques, géographiques, etc.
Le métier exige une résistance physique et nerveuse à toute épreuve : nuits blanches, décalages horaires, pression liée à la sécurité font partie du quotidien. Et comme toutes les communications, que ce soit avec la tour de contrôle, les autres appareils ou même les passagers se font en anglais, le pilote de ligne doit aussi être bilingue.
Pour devenir pilote, il faut être titulaire de la licence européenne de pilotage d'avion ou ATPL (Airline Transport Pilot Licence), qui peut être obtenue par deux voies différentes : la filière d’Etat ou la filière privée.
Le cursus de la filière civile d'Etat relève de la très sélective Ecole nationale de l'aviation civile (ENAC), accessible à partir de trois concours : à bac+1 pour les candidats n'ayant aucune connaissance aéronautique ; et par deux autres concours pour ceux disposant de connaissances théoriques (concours EPL/U) ou de connaissances théoriques et pratiques (concours EPL/P). Prestigieuse et gratuite, cette filière sélectionne très peu d’élèves pour de très nombreux candidats. Autant dire qu’elle ne retient que les plus brillants.
La filière privée, payante, compte une cinquantaine d'écoles reconnues par la DGAC et forme des pilotes professionnels, qui peuvent ensuite devenir pilotes de ligne. Ces écoles proposent des formations ATP dites « intégrées », en deux ans, pour suivre la formation « à plein temps », ou des formations modulaires qui vous permettent de passer les qualifications module par module, en parallèle à votre activité principale, comme nous l’avions détaillé dans cet article.
Piloter hors compagnies
Ces formations vous mèneront aussi à d’autres carrières de pilote : les pilotes privés sont aux commandes d’avions plus petits et peuvent avoir des employeurs très divers, autres que les compagnies aériennes. Leurs sorties peuvent avoir des buts touristiques ou professionnels, transporter des voyageurs sur de longues distances ou dans un périmètre proche, et avoir des missions aussi diverses que le largage de parachutistes, le déplacement ordinaires de personnes fortunées, l’épandage, les missions humanitaires…
Dans tous les cas, si l’échelle est moins importante et moins prestigieuse que le pilotage d’un Airbus, les qualités requises sont du même ordre : rigueur, réactivité et sens des responsabilités, pour assurer une sécurité maximale en toutes circonstances.
Personnel de bord : un rêve plus accessible
Aux côtés des pilotes, l’équipage d’un avion de ligne inclut aussi les « personnels navigants commerciaux », autrement dit, les hôtesses de l'air et stewards : un métier qui fait rêver aussi, plus accessible, mais comportant aussi une importante dimension de responsabilité.
Ces personnels sont en charge du bien-être et de la sécurité des passagers, sous la responsabilité d'un chef de cabine. Employés par une compagnie aérienne, ils prennent en charge les passagers dès l’enregistrement des bagages, puis au moment de l’embarquement et pendant tout le vol. Ils sont à leur service, veillant à leur confort et leur sécurité, vérifiant le bon fonctionnement des équipements, distribuant repas et boissons, etc.
Pour faire partie du personnel navigant commercial d'une compagnie aérienne, vous pouvez vous tourner vers un organisme de formation ou directement vers une compagnie qui forme ses propres équipes. Dans les deux cas, il vous faudra obtenir le Certificat de membre d'équipage de cabine ou en anglais Cabine Crew Attestation (CCA), diplôme d'État délivré par la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC). Le cursus comprend trois semaines de formation théorique et six jours de formation pratique.
Conditions requises : avoir au minimum le bac, être majeur et savoir nager. La maîtrise de l’anglais, là aussi, est indispensable. Des compétences en hôtellerie ou une expérience d'emploi à l'étranger sont fortement appréciées.
Aiguilleur du ciel : sang-froid exigé
Le contrôleur aérien a pour mission de régler la circulation des avions, en altitude et aux abords de son aéroport d'attache. Depuis sa tour de contrôle, il guide les pilotes à toute heure et par tous les temps, relié à l’avion par liaison radio.
Pour cela, il analyse en permanence une multitude d'informations qui lui permettent de spécifier, en temps réel, à quel moment l'avion peut décoller ou se poser, et quelle piste emprunter. Il délivre pour son secteur les autorisations de décollage, d’atterrissage et de survol, identifie, conseille et guide les avions qui traversent son secteur.
Mais il doit aussi gérer les situations d’urgence. Il peut être amené à alerter un pilote sur des difficultés dans son secteur ou sur les pistes. Et en cas de situation extrême, il va déclencher les procédures d'urgence. Chaque cas étant particulier, ce poste requiert beaucoup de sang-froid, de réactivité et de capacité à analyser les données et les options dans un contexte complexe. Autrement dit, il combine le sens aigu des responsabilités et les connaissances du scientifique, car toute erreur d’appréciation peut avoir des conséquences dramatiques.
Compétences auxquelles s’ajoutent, comme pour les autres métiers de l’aviation, la bonne condition physique pour résister à la pression et aux horaires décalés, et la maîtrise de l’omniprésente langue anglaise.
Il peut être intéressant de noter que les contrôleurs aériens français sont fonctionnaires. Ils travaillent dans un aéroport ou dans l'un des cinq centres de contrôle régionaux situés à Aix-en-Provence, Athis-Mons, Bordeaux, Brest et Reims.
Ils sont diplômés de l’ENAC, au niveau bac+5, après y être entrés sur concours à bac+2.
Instructeur de vol : la base du métier
Pour qu’il y ait des pilotes, il faut nécessairement qu’il y ait des gens pour leur apprendre le métier. Ce sont les instructeurs de vol. Si vous avez la fibre de l’enseignant en plus de la passion de l’aviation, ce métier est assurément taillé pour vous.
L’instructeur accompagne les apprentis pilotes tout au long de leur formation, depuis leurs tout débuts jusqu’à l’acquisition de leurs plus hauts diplômes et certificats. Il enseigne la théorie et le maniement pratique de l’appareil et de ses instruments, se tient aux côtés de l’élève dans son apprentissage pratique. C’est lui aussi qui est chargé d’évaluer et qualifier les compétences de l’apprenant.
Il va de soi que l’instructeur doit tout d’abord détenir une licence de pilotage et justifier de ses 150 heures de vol en tant que commandant de bord. Mais il devra en outre obtenir un certificat de qualification apposé sur cette même licence. Cette qualification s’obtient à l’issue d’un stage de cinq semaines environ, dispensé à l’ENAC ou dans un centre de formation privé. Cette dernière partie de la formation n’est pas un perfectionnement supplémentaire dans les compétences de pilote ; il forme à la pédagogie et à la transmission du métier.
Mécanicien : objectif zéro panne
Tout autre que l’instructeur est l’univers du mécanicien d’entretien. A l’instar du garagiste auto, il connaît tout des machines qui lui sont confiées et peut intervenir aussi bien sur un train d’atterrissage que dans les entrailles du moteur ou à l’intérieur du cockpit.
Mais on comprendra aisément que pour le mécanicien de l’aéronautique, le travail consiste essentiellement à éviter toute panne. Il a donc un rôle de prévention, d’entretien, d’inspection, respectant scrupuleusement des protocoles édictés par les constructeurs.
Il joue un rôle fondamental dans la sécurité des équipages et des passagers. Pour les avions de ligne, le travail se fait en équipe, avec des spécialisations et des doubles contrôles. S’il intervient sur de plus petits avions, le mécanicien est davantage polyvalent. Mais dans tous les cas, ses compétences sont multiples, avec une part de plus en plus importante d’informatique, et une nécessaire maîtrise de l’anglais pour pouvoir lire la documentation technique.
Le métier nécessite rigueur, logique et soin, ainsi que de solides capacités d'analyse pour rechercher et comprendre les pannes. Il exige également une mise à jour constante de ses connaissances techniques, afin de s’adapter aux évolutions des appareils dont il a la charge.
Il aura cependant des compétences différentes, selon qu’il travaille sur la piste où il doit procéder avec rigueur et rapidité aux opérations de contrôle des appareils qui atterrissent et décollent, ou qu’il soit attaché à un hangar de maintenance et de réparation, où le travail sera à la fois plus posé et plus approfondi. A titre d’exemple, saviez-vous que Bayo fait partie d’un groupe international qui dispose de services MCO très performants de maintenance pour les flottes aéronautiques importantes ? Nous disposons aussi d’un hangar aéronautique en Auvergne, sur l’aéroport de Clermont-Aulnat, pour la maintenance des avions privés. Ce ne sont que quelques-unes des spécialités du groupe NSE, mais notre page dédiée au recrutement peut vous inspirer…
Le cursus pour ces métiers comporte différents niveaux de diplôme, partant du CAP aéronautique, avec ensuite le bac pro, puis la mention complémentaire (MC) de niveau bac+1. Pour chacun de ces niveaux, différentes spécialités sont possibles : avionique, structures, systèmes…
Aux commandes d’un avion de combat
C’est l’élite de l’élite. Au service de l’armée de l'air et de son pays, le pilote de chasse assure une mission de défense et de sécurité. Il est formé aux missions dangereuses. Ses atouts majeurs : un sang-froid à toute épreuve et une excellente condition physique.
Encore plus que pour l’aviation de ligne, la sélection est rude, car ils ne sont que 3 500 en France à pouvoir exécuter ces missions. Leur rôle : être en mesure de détruire les avions ennemis dans des zones en guerre où l’armée de l’air française est présente, mais aussi effectuer des missions de surveillance du territoire pour repérer d’éventuelles intrusions d’avions inconnus et les intercepter.
Les pilotes de l’armée ont le grade d’officier et passent par une école unique : l’Ecole de l’Air de Salon-de-Provence. On y entre sur concours – très sélectif bien sûr – au niveau du bac, sous la condition d’être de nationalité française, d’avoir entre 17 et 25 ans et de parler anglais. Les études durent quatre ans mais votre engagement, dès l’entrée à l’école, sera de dix ans. Le cursus commence par une formation militaire générale, puis par une formation aéronautique, qui pourra s’orienter dans la dernière partie vers une spécialisation d’avion de chasse ou d’avion de transport.
Soigner les Rafales
Aux côtés du pilote, le mécanicien de l’Armée de l’air est un sous-officier qui a des fonctions assez proches de son homologue de l’aviation civile.
L’intégration à la formation se fait comme pour les pilotes au niveau du bac et passe par des tests d’aptitude, mais la formation est ensuite de 58 semaines et l’engagement est de six ans. Le cursus se déroule en trois phases : formation militaire de 16 semaines, un stage de qualification élémentaire de 42 semaines et une phase d'application en unité de six mois. Il se conclut par l’obtention d’un brevet élémentaire de spécialiste. Celui-ci, comme pour les pilotes, ouvrira la voie à une affectation sur l’une des bases militaires du pays.
Les perspectives d'emploi
Après les années de covid, de réduction du trafic aérien, de pénuries de composants ou de carburants, de tensions géopolitiques, le secteur aéronautique est à nouveau, à l’échelle mondiale, en plein redéploiement et en forte croissance. Le marché de l’emploi le reflète et certains métiers, comme ceux d’ingénieur aéronautique ou de mécanicien de maintenance sont en tension. La conjoncture apparaît donc aujourd’hui favorable à tous ceux qui souhaitent se lancer dans une carrière dans l’aviation, quelle qu’elle soit.
Il convient toutefois de ne pas s’imaginer que les portes sont grandes ouvertes. Comme on l’a vu, chacun de ces métiers requiert des compétences qui ne sont pas seulement techniques. Etant donné le niveau de risque en jeu dès lors que l’on fait décoller un appareil, chaque métier exige rigueur, sang-froid, bonne condition physique et un sens très développé des responsabilités. C’est pourquoi les formations, concours et qualifications sont très exigeants. En clair, la plupart de ces filières sont très sélectives.
Cependant, une fois que vous aurez franchi toutes les barrières de ces parcours à obstacles, les perspectives semblent pour le moment bonnes. Avec des salaires à l’entrée déjà intéressants, mais évidemment très disparates selon que vous aurez un CAP de mécanicien d’entretien ou un grade d’officier en tant que pilote de chasse, avec toute la gamme des métiers entre ces deux extrêmes. Les statuts offrent aussi des avantages divers, selon que vous êtes militaire, fonctionnaire comme les contrôleurs aériens, salarié d’une grande compagnie aérienne ou d’une entreprise privée…
Par contre, tous ces métiers ont en commun d’offrir des possibilités d’évolution assez vastes. Certaines s’ouvrent en interne : une hôtesse de l’air ou un stewart pourront travailler au sol ou dans les avions, passer du vol régional au vol international, viser une promotion de chef de cabine ou de manager. Les pilotes militaires pourront monter en grade, etc.
L’évolution, dans l’aviation civile, pourra également se faire en changeant d’employeur. Un pilote privé peut évoluer en intégrant une compagnie aérienne. Un pilote de ligne ou un agent de bord peut passer d’une compagnie low-cost ou charter à une prestigieuse compagnie nationale ou internationale, où les salaires et les avantages sont bien plus attractifs.
En résumé, les stratégies de carrière dans l’aéronautique dépendront de chaque individu, selon ses capacités, ses ambitions, ses contraintes personnelles. Mais aussi selon ce qui le fait rêver : le goût du risque ou l’envie de découvrir le monde, l’attrait de la mécanique ou le prestige de l’uniforme, le sens des responsabilités, la sensation de liberté aux commandes de l’avion, la rémunération ou le service des autres… Il y a de la place pour toutes les personnalités dans le monde de l’aviation.