Comment préparer une navigation VFR ?

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Comment préparer une navigation VFR ?

Nouvelle saison, nouvelles sorties, nouvelles cartes aéronautiques… C’est le moment de repartir dans les airs et de se faire plaisir. Apres un vol de contrôle et quelques vols en local, à vous les grands espaces aériens ! Oh là, pas si vite… Ce n’est pas parce que vous naviguez de jour que vous devez partir la fleur au manche à balai. Avez-vous bien préparé votre vol ? Nous savons bien que vous êtes des pilotes formés et entraînés, mais tout de même : parce que ce n’est pas l’étape la plus rigolote d’une navigation VFR mais qu’elle est tout de même capitale, vérifions ensemble si vous maîtrisez bien la préparation du vol en VFR – autrement dit, dans les conditions du vol à vue.

J’établis ma route de navigation VFR

La première partie de votre préparation consiste à établir un itinéraire. Votre principal matériel pour le faire sera l’utilisation de différentes cartes aéronautiques. Selon votre parcours, sa distance, la région où vous souhaitez naviguer, vous choisirez celle dont l’échelle vous convient le mieux : SIA 1/1 000 000, 1/500 000 IGN ou encore SIA 1/250 000 .
Bien que la carte 1/1 000 000 soit la seule obligatoire à bord, la carte plus répandue est la 1/500 000. Cette dernière est plus lisible et adaptée aux vols VFR. Armez-vous d’un crayon gras, d’une gomme et d’une règle afin de pouvoir effacer le trajet une fois celui-ci effectué et pouvoir réutiliser la carte pour votre prochaine navigation !.
Cela va peut-être de soi, mais la première chose à faire pour préparer son vol est de définir le point de départ et le point d’arrivée. Si vous n’êtes pas un pilote aguerri et n’avez pas d’impératif, mieux vaut préférer un petit aérodrome aux grands aéroports où les procédures sont complexes et le trafic plus important.

Etape 1 : Navigation en ligne droite


Vous devriez donc vous retrouver avec une ligne droite tracée entre ces deux points sur votre carte aéronautique. Cependant, comme vous allez naviguer à vue, il va vous falloir utiliser des points de repère pour avancer sans risque de dériver loin de votre destination et de pouvoir toujours être en mesure de communiquer votre position au contrôleur aérien.

Navigation avec points de reportsVous les choisirez sur la carte, à distance régulière et suffisamment fréquemment (maximum 30min de vol), facilement identifiables dans le paysage survolé : ponts, villes, aérodromes, éoliennes... Si possible utiliser des points de report tels qu’aérodromes/aéroports ou moyens de radionavigation (VOR, ADF, NDB). Vous faciliterez la vie au contrôle et prendrez des bonnes habitudes pour les plans de vols que vous pourrez être amenés à déposer dans vos navigations futures (si vous allez en Corse par exemple !).

Tracez sur la carte les lignes droites qui les séparent, de façon à former des segments de vol : ils seront les points de report de votre itinéraire.
Enfin, votre trajet pourra nécessiter différents contournements. Vous devrez tenir compte des espaces aériens contrôlés ou des zones interdites, dangereuses ou restreintes, des hauteurs de survol des obstacles isolés ou des agglomérations.

Astuce

Si votre itinéraire traverse un espace en classe C, prévoyez d’ores et déjà un plan B, altitude différente ou contournement. Il est très fréquent que le contrôle aérien refuse l’accès aux vols VFR dans cet espace, surtout si votre voix est hésitante… Les contrôleurs ont souvent beaucoup à faire et éviteront de s’ajouter du travail, aussi, mieux avoir anticiper une route bis.
Le plan B peut être nécessaire pour d’autres raisons (voir l’étape suivante).

Je prends en compte les variables


Prise en compte des espaces aeriensUne fois votre itinéraire déterminé, la préparation n’est pas terminée pour autant. Si la carte donne les indications sur les éléments immuables de votre parcours, vous devez aussi prévoir les variables, les imprévus, les perturbations possibles.
Ne commencez pas à remplir votre NAVLOG sans avoir vérifier les points ci-dessous sans quoi vous risquez de devoir tout recommencer ! C’est arrivé au moins une fois à tous les pilotes ! Parmi les variables, vous devrez par exemple tenir compte de l’agenda des restrictions dans les zones à statut particulier que vous pourriez avoir à traverser. Vais-je pouvoir traverser cette zone règlementée le jour de mon vol ? Pour y répondre, vous ne manquerez pas de consulter les précieux compléments aux cartes, dans l’édition en vigueur.


Les messages aux navigants ou NOTAM seront également à prendre en compte : ils vous signaleront des obstacles ou modifications provisoires, comme des travaux sur un aérodrome, une impossibilité d’avitailler, une grue de chantier, des restrictions de l’espace aérien, etc…

L’autre variable importante est bien entendu la météo. Naviguer à vue suppose que les conditions de visibilité soient bonnes.
De plus, les conditions de température et de pression atmosphérique vont jouer sur les performances de votre appareil en vol, mais aussi sur les distances de décollage et d’atterrissage.
Le vent est aussi un élément déterminant de votre vol, y compris avant même de décoller. Sa force et sa direction vont influer grandement sur votre trajectoire, votre temps de trajet, sur la manœuvrabilité de votre appareil. C’est pourquoi il est capital de connaître les prévisions avec la plus grande précision possible.
Vous disposez de nombreux outils pour les établir, à commencer par le site Aeroweb développé par Météo France spécialement pour les pilotes. Celui-ci regroupe les différentes sources et informations utiles : non seulement les prévisions de vents et températures, mais aussi les cartes TEMSI, les METAR (observant le temps présent et renouvelé toutes les 30 minutes), et TAF (courts ou long) spécifiques à chaque aéroport, les messages SIGMET décrivant les phénomènes météorologiques significatifs (déplacements de masses d’air, turbulences, orages, cyclones…).

Heureusement, la météo, bien qu’elle puisse réserver des surprises, est de nos jours assez prévisible. Mais il y a aussi dans les paramètres d’un vol tout ce qu’on ne peut vraiment pas prévoir mais qu’on peut tout de même anticiper. C’est pourquoi votre préparation au vol VFR inclura aussi l’éventualité d’un déroutement : c’est la version aéronautique du plan B.
Un événement météo non prévu, une panne mineure de votre appareil, un passager malade ou un problème sur votre aérodrome d’arrivée… Tous ces imprévus peuvent vous conduire à décider d’atterrir à un autre endroit que votre objectif initial. Cela se passera sans encombre si vous avez prévu cet (ou ces) itinéraire(s) bis. Plus les éléments auront été briefés avant le vol plus votre déroutement se fera facilement. N’oubliez pas que le cerveau humain n’est pas fait pour être multi tache. 2 à 3 taches en parallèle sont déjà difficiles à réaliser…
Votre préparation au vol ne devra pas manquer de repérer les mêmes données que pour votre itinéraire principal, à inscrire sur une feuille à part de votre Log de Nav.

Calculs et données pour mon Log de Nav

Pour chaque segment, vous déterminerez le cap à suivre ainsi que la distance de vol à l’aide d’une règle et d’un rapporteur, ou encore mieux : d’une règle de route avec rapporteur. Et à partir de là, le temps de vol par segment et le temps de vol total (en prenant en compte le vent !).

Toutes ces données seront reportées sur le journal de navigation, ou NAVLOG comme on dit dans le jargon : le document qui liste tous vos jalons, avec les temps et distances pour chaque segment de la route à suivre.
Une autre donnée importante sera de déterminer votre altitude (ou niveau) de vol. Vous prendrez connaissance des règles à respecter dans les zones traversées, ainsi que les altitudes de survol minimales de certains obstacles. Vous repèrerez également l’altitude des circuits des aérodromes de départ et d’arrivée, importante pour les phases de décollage, d’approche d’atterrissage.

Comme dit le proverbe, Pilotez, Naviguez, Communiquez !
Il vous reste donc à communiquer. Anticipez les différentes fréquences à utiliser (espaces aériens contrôlés, SIV, RMZ, CTR, auto information sur les terrains non contrôlés, etc…) en les inscrivant sur votre NAVLOG.
Et si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire pour la lecture de vos cartes, nous vous rappelons ici les règles de base pour lire une carte aérienne.

Qu’est-ce que j’emporte pour ma navigation VFR ?

Si votre vol prévoit d’emporter des passagers ou des bagages, vous aurez encore à calculer le bilan de masse et centrage de votre appareil, en vous conformant aux recommandations du constructeur de l’avion (fiche de pesée).
Dans les éléments qui sont loin d’être des détails, il vous faudra aussi faire un calcul du carburant nécessaire pour arriver à bon port. Ça a l’air évident, mais même si elles restent rares, les pannes de carburant sont la première cause d’accidents de l’aviation légère. Il est donc important de calculer vos besoins, en n’oubliant pas de prévoir une réserve de route et/ou de déroutement pour faire face à un atterrissage manqué, un déroutement ou tout autre imprévu. Enfin, n’oubliez pas la réserve finale obligatoire (30min en vol de jour/45 en vol de nuit).
Passagers, bagages, carburant… Vous devez bien sûr penser aussi au matériel nécessaire à la navigation, dont la liste sera variable selon le trajet, l’avion et vos exigences personnelles : casque, montre, GPS, et bien sûr, tout matériel de sécurité nécessaire.
Prévoyez une bouteille d’eau (évidemment !) ainsi qu’un peu de nourriture (barre de céréale, compote, etc.). L’aviation est consommatrice d’énergie, sans oublier le déficit d’oxygène à partir de 5000ft QNH et il est indispensable de prendre des forces.
Pensez aussi à des sacs à vomi si vos passagers ne sont pas habitués à voler.
Enfin, vos documents de vol seront minutieusement classés et fixés sur votre planchette de vol. Parce que ce n’est pas à l’approche d’un point de report ou au moment de décider d’un déroutement que vous aurez le temps de retrouver la bonne page dans le fouillis de vos notes. Mais ça, vous l’avez forcément en tête !

Si maintenant tout est en ordre, en route pour l’aérodrome. Et à vous les grands espaces et les superbes paysages à survoler !

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